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jeudi 2 mai 2013

Contre-éloge de la richesse


Contre-éloge de la richesse
Les vraies richesses sont en chacun de nous. Dans le rire d’un enfant, le dévouement d’un secouriste, la compassion vis-à-vis des victimes, le plaisir d’être ensemble et de partager, le désir d’aimer et d’être aimé.



Autrefois, on naissait noble, aujourd’hui on le devient, mais cette noblesse d’argent ne se contente pas d’afficher les symboles de la réussite et à en faire les critères du bon goût, elle pousse ceux qui n’en font pas partie pas à tenter de s’en approcher. Dans nos sociétés globalement riches, elle est le ressort de la croissance, du « trop n’est jamais assez ». La dislocation qu’elle engendre n’est pas seulement sociale, elle est aussi environnementale.
« je n’aime pas les riches » - dixit François Hollande; pour ma part je dirais en la transformant un peu : « je n’aime pas la richesse ». 
Les riches sont comme tout le monde : il y en a des sympa et des détestables, des gentils et des méchants, des intelligents et des limités, des de droite (beaucoup) et des de gauche (nettement moins), des honnêtes et des filous, des généreux et des retors, … En revanche, la richesse n’est pas une personne, mais un élément qui transforme les sociétés humaines. Et pas dans le bon sens. 
La richesse, en effet, est un marqueur : j’ai réussi, je suis meilleur – plus intelligent, plus malin, plus « risquophile » que vous – et je le montre. La richesse des uns crée de la dislocation sociale au détriment des autres qui, les uns pour pour compenser, la plupart pour montrer qu’ils ne sont pas si bêtes ou demeurés que cela, cherchent à imiter les premiers, mais avec infiniment moins de moyens : le camping car à la place du jet privé, la montre Swatch  à la place de la Rolex, la mode H&M à la place de Dior Homme. Autrefois, on aurait dit le Solex à la place de la voiture.
Ce désir d’imitation, universel, pousse les uns – les riches – à renouveler sans interruption leurs attributs symboles de réussite : dans un an, M montrera aux lecteurs ébahis du Monde une nouvelle mode masculine sans doute encore plus chère, tandis qu’elle poussera les autres à réajuster à la hausse leurs désirs, leurs envies, leurs frustrations. 
La haine que suscitent pour certains les riches n’est en réalité que l’expression de leurs frustrations : pourquoi eux, et pas moi ? Une fois encore, ce ne sont pas les riches qui sont à haïr – ou à adorer, c’est selon -, mais la richesse, c’est-à-dire ce désir infini d’avoir plus pour paraître plus. Nous valons mieux que cela, et les vraies richesses sont en chacun de nous. Dans le rire d’un enfant, le dévouement d’un secouriste, la compassion vis-à-vis des victimes, le plaisir d’être ensemble et de partager, le désir d’aimer et d’être aimé.

La richesse peut venir à nous, mais c'est à nous d'aller vers la sagesse. Edward Young (1683-1765)

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