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lundi 10 décembre 2012

Une bulle en chasse une autre

Histoire d’une fuite en avant...et retour à la case départ sans passer par la prison

     L’histoire de la lente expropriation de la classe moyenne

«la première solution à un pays mal géré est l’inflation
 de la masse monétaire, la deuxième, la guerre»
                                                       Ernest Hemingway

Les banquiers centraux, «de sauveurs se sont transformés en un risque pour le monde, en raison de leur gigantesque politique d’injection de liquidités». La manipulation des taux d’intérêt et des monnaies s’est généralisée et accompagne une tendance à l’augmentation des impôts et des restrictions dans nombre de pays. Comment s’en protéger?


Pour se protéger, l’épargnant devrait disposer d’un portefeuille largement diversifié et privilégier les actifs réels (actions, immobiliers). Les deux journalistes citent alors George Bernard Shaw: «Vous devez décider en qui vous devez faire confiance: à la stabilité naturelle de l’or ou à l’honnêteté et l’intelligence du gouvernement. Malgré tout le respect possible pour ces gens, tant que le système capitaliste existe, je vote pour l’or.» La confiance baisse envers les monnaies papier: le dollar a perdu 86,6% de sa valeur contre l’or depuis 1971. Et, depuis le début du XXIe siècle, chaque année, l’or s’est apprécié. La Bundesbank a par ailleurs indiqué que, depuis 1971, l’inflation annuelle moyenne atteignait 2,7% en Suisse, 2,8% en Allemagne et 4,4% aux Etats-Unis.


Voir article du Temps 
* «Die heimliche Enteignung», de Michael Rasch et Michael Ferber, 300 p., NZZ Libro, 2012.

Une bulle en chasse une autre



Au vu de l’histoire récente, va-t-on assister à l’émergence d’une nouvelle bulle et le cas échéant quel marché en sera le bénéficiaire ? Nous sommes convaincus qu’une nouvelle bulle financière se prépare sous une forme ou une autre, malgré la vigilance des gardiens du temple de la stabilité monétaire : les banques centrales. Ces dernières sont conscientes du problème mais préféreront vraisemblablement agir avec un temps de retard pour drainer les liquidités excédentaires injectées dans le système financier en 2008 et relever les taux d’intérêt plutôt que de tuer la reprise économique dans l’œuf et risquer une rechute de l’économie. 

Cette hypothèse se trouve renforcée par les déclarations récentes de  Monsieur Bernanke qui non seulement est en train de repousser aux calendes grecques un éventuel resserrement des conditions de crédit mais se dit prêt à intervenir pour tenter de stimuler l’économie à travers un troisième assouplissement quantitatif. Cette période de latence laissera suffisamment de temps pour qu’une bulle ou tout au moins ses prémices se développent. 

Nous l’avons évoqué dans d'autres analyses, la bulle qui a éclaté en 2007 avec les « subprime » américains était celle du crédit, d’un crédit démesuré offert aux emprunteurs à des taux d’intérêt demeurés trop bas, trop longtemps et trop facilement disponible. Les banques centrales et particulièrement la Fed portent une grande responsabilité dans la débâcle qui s’en est suivi ; nous estimons qu’il y a peu de chances pour qu’un cycle généreux du crédit par les banques commerciales renaisse rapidement, bien au contraire. En effet et c’est le grand souci actuel des banquiers centraux, les mécanismes de transmission du crédit à travers le marché interbancaire et en faveur de l’économie privée ne fonctionnent plus ou alors très mal. 

C’est le scénario du « credit crunch », la restriction du crédit par les établissements financiers traditionnels et l’exemple de la trappe de liquidités défini dans les années trente par l’économiste anglais Maynard Keynes illustrant la situation où les banques centrales inondent le système bancaire et financier à plus soif de liquidités, même gratuites, sans que celles-ci ne viennent alimenter le système du crédit ; les liquidités sont thésaurisées et ne circulent plus dans l’économie. C’est le scénario noir que l’économie japonaise traverse depuis vingt ans.    Il faut rappeler que ce sont les mécanismes du crédit qui sont à l’origine de la révolution industrielle et de tout essor économique. 

En passant en revue les différentes classes d’actifs à disposition des investisseurs, nous constatons aujourd’hui que les alternatives d’investissement ne sont pas légions. 

L’immobilier a été la source de tous les problèmes de la crise financière et on peut s’attendre à une certaine prudence des investisseurs et des instituts de crédit face à cet actif. Les marchés monétaires et obligataires n’offrent quasiment plus aucun rendement et aucune préservation du capital n’est assurée contre une dépréciation de la valeur de l’argent liée à une création monétaire par les banques centrales hors de toute proportion en regard des besoins de l’économie et du financement de sa croissance réelle. 

Nous l’avons évoqué, la véritable bulle financière trouvera ses racines dans une croissance monétaire débridée par les banques centrales afin d’alimenter ce phénomène pervers que les Américains ont inventé sous le vocable d’assouplissement quantitatif et abusé comme outil de politique monétaire : à savoir créer de la monnaie pour racheter des obligations d’Etat afin de stabiliser et faire descendre les taux d’intérêt sur les marchés mais aussi de financer au moins temporairement les déficits publics. 

La seule façon pour les Etats de rembourser leurs dettes colossales consistera à rembourser l’épargnant avec de l’argent déprécié. Les Allemands, garants de l’orthodoxie financière européenne, se sont opposés avec vigueur à cette pratique mais devront céder lorsque l’économie allemande sera touchée par un ralentissement marqué de son économie et une reprise du chômage. On peut affirmer que sur les marchés obligataires de dettes étatiques considérées comme sûres, une bulle financière s’est déjà développée hors de toute proportion. Nous pensons aux marchés obligataires suisses, allemands, français ou américains. 

Les matières premières pourraient bénéficier de l’excès d’offre monétaire libéré dans le système mais nous ne nous attendons pas à une économie mondiale faisant feu de tous ses cylindres ces prochaines années, à l’image de la période 2004-2008. Aujourd’hui, l’investisseur doit se préparer au risque qu’un scénario d’hyperinflation se mette en place dans les années futures et l’or qui a déjà bénéficié ces dernières années en tant que valeur refuge contre la perte de valeur du dollar deviendra aussi une valeur refuge contre la dépréciation monétaire de toutes les grandes monnaies. 



Les Allemands se sont opposés au recours par la BCE à des outils non conventionnels dans sa politique monétaire tels que l’assouplissement quantitatif, mais le jour n’est pas loin où ces derniers céderont sous la pression de leurs partenaires européens en échange de promesses de mesures de rigueur budgétaire qui seront difficiles à tenir. Le franc suisse dont le sort est désormais scellé à l’euro par la politique menée par la Banque Nationale Suisse depuis une année en fixant un taux de change fixe à 1,20, subira automatiquement les conséquences de la politique menée par la Banque Centrale Européenne. 

L’or sera également pour l’investisseur suisse la dernière valeur refuge face à la perte de valeur et de pouvoir d’achat du franc suisse. En attendant que ce risque se matérialise concrètement par une perte de valeur de la monnaie pour le consommateur et l’épargnant, nous estimons qu’un scénario intermédiaire se dessine dont l’investisseur pourrait profiter au cours de ces prochaines années. 

Il reste en définitive un actif à considérer par les investisseurs : les actions. Aujourd’hui les marchés des actions se traitent globalement un tiers en dessous de leur niveau d’il y a dix ans en arrière. Les valorisations qui avaient atteint des niveaux parfois très élevés pour certains secteurs comme la technologie au tournant du siècle sont revenues à des niveaux très raisonnables avec des rendements en termes de dividendes très attrayants par rapport aux marchés à taux fixes. 

Les banques centrales sont aujourd’hui à nouveau très tentées de faire de la reflation monétaire  alors que les grands indicateurs économiques montrent un fléchissement de la croissance économique mondiale, les USA pour soutenir la création d’emplois et le secteur immobilier, l’Europe pour endiguer la crise de l’euro et les pays émergents, dont la Chine en tête, pour stimuler la croissance, la consommation intérieure et développer ses classes moyennes. Nous pensons que les marchés actions, rassurés à court terme par la survie de la zone euro, pourraient bénéficier de l’effet dit de liquidité dans un contexte d’une relance économique mondiale coordonnée. 


Le facteur confiance sera l’élément le plus déterminant pour justifier une reprise prolongée des cours en bourse mais les raisons sont là : faibles valorisations, rendements élevés sur la base des dividendes distribués, forte productivité des entreprises, potentiel de croissance et d’innovation, gains de parts de marché dans les économies en fort développement. 

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